Vers une chaîne d'approvisionnement traçable de la noix de cajou en Côte d’Ivoire

Pour cette stratégie, OFI a collaboré avec FairMatch Support. Ensemble, nous avons réussi à raccourcir la chaîne d’approvisionnement en achetant directement auprès des producteurs à une échelle encore inédite. Avec Mallikarjuna Kumaraswamy, responsable opérationnel pour les noix comestibles auprès d’OFI, nous avons discuté de leurs expériences.

La chaîne d’approvisionnement dans la filière anacarde

En Afrique, des millions de petits producteurs de noix de cajou vendent des noix de cajou brutes (NCB) via un réseau complexe de commerçants locaux. Ces commerçants tirent souvent profit du manque d’accès des producteurs à des informations fiables telles que les prix à la production et de leur manque de connaissances de la dynamique du marché. Ainsi, les producteurs vendent leurs cultures à prix bas et sont peu incités à réinvestir dans leurs exploitations.

Mallikarjuna Kumaraswamy: "Si vous regardez la chaîne d’approvisionnement de la filière anacarde ici en Côte d’Ivoire, il y a des années, personne n’était en mesure de préciser l’origine de la noix de cajou ou d’analyser les problèmes dans la chaîne d’approvisionnement. Pendant le transport et la transformation, plusieurs commerces anonymes provenant de divers endroits sont impliqués. Cependant, les consommateurs demandent de plus en plus d’informations sur la durabilité et la traçabilité. En particulier, la demande de noix de cajou a augmenté parallèlement à la consommation croissante de produits végétaliens et de concepts sains, avec dégustation sur le pouce. Nous considérons qu’il est de notre responsabilité de sensibiliser nos clients à la provenance de ces produits".

L’importance de la transformation locale

L’Afrique est l’un des plus grands producteurs de noix de cajou au monde. Toutefois, la plus grosse partie de la production est exportée sous forme brute vers des pays comme le Vietnam et l’Inde, qui sont en avance en termes de transformation mécanisée. Il est souvent moins cher d’exporter des noix brute de cajou vers ces pays au lieu de les transformer en Afrique, ce qui fait perdre à des pays comme la Côte d’Ivoire de la valeur ajoutée potentielle.

Mallikarjuna Kumaraswamy: "Nous devons investir dans nos installations de transformation pour conserver une valeur ajoutée dans le pays. Chez OFI, nous sommes en train d’établir une chaîne d’approvisionnement de la noix de cajou entièrement traçable et avons investi davantage dans la transformation locale. Cet investissement comprenait l’ouverture d’une nouvelle usine de transformation à Bouaké, où nous transformons à la fois des noix de cajou biologiques et conventionnelle. L’installation moderne a une capacité de 35 000 tonnes de noix de cajou brutes (NCB). Même si des machines modernes ont été installées pour mécaniser les activités, l’usine de transformation a créé plus de 2 000 emplois directs et a généré indirectement plus d’opportunités d’emplois pour la ville".

Raccourcir la chaîne est une étape essentielle d’une collaboration durable

Olam souhaitait s’approvisionner plus directement auprès des agriculteurs locaux pour assurer un approvisionnement constant en noix de cajou à son usine de Bouaké tout en ayant un impact positif sur les communautés rurales,  Mallikarjuna Kumaraswamy: "L’approvisionnement direct semble simple, mais il s’avère être une opération complexe. Non seulement l’approvisionnement en noix de cajou était dominé par des intermédiaires qui n’avaient guère l’intention d’informer et de responsabiliser les producteurs, mais les producteurs abandonnaient même leurs plantations de noix de cajou en raison des prix bas et de la volatilité du marché".

Construire une relation d’affaires professionnelle est la clé de la réussite

Pour sa stratégie d’approvisionnement, OFI a collaboré avec FairMatch Support. Herman, directeur de FairMatch Support: "Une organisation différente de la chaîne d’approvisionnement est nécessaire pour faciliter l’approvisionnement des usines de transformation en NCB et atténuer les problèmes de durabilité survenant dans la chaîne d’approvisionnement. Cependant, pour les sociétés d’achat, il s’agit d’un énorme changement et d’une manière différente de penser l’achat et de gérer les relations. Toutefois, le raccourcissement de la chaîne est une étape essentielle pour une transition vers un secteur et une collaboration durables".

Mallikarjuna Kumaraswamy: "FairMatch Support possède une expertise dans le développement de chaînes d’approvisionnement durables. Comme OFI, nous avons besoin de partenaires qui apportent leurs connaissances et leur expérience sur la façon de travailler pour mettre en contact les producteurs et les coopératives avec notre usine de transformation. Les professionnels de FairMatch Support nous ont accompagnés dans la mise en œuvre de notre stratégie. FairMatch Support a clairement indiqué que si nous voulions réussir à long terme, nous devions nous concentrer sur un modèle commercial viable à la fois pour Olam et pour les petits producteurs. L’établissement d’une relation pour devenir des partenaires commerciaux professionnels a été l’une des étapes les plus importantes de notre nouvelle structure d’achat locale.

Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Ensemble avec le personnel de FairMatch Support West Africa, Olam s’est rendu dans les différents villages environnants de Bouaké pour informer les producteurs de son intention d’acheter directement chez eux et de les accompagner dans la création de groupements de producteurs. Comme beaucoup entretenaient des relations à long terme avec les intermédiaires et obtenaient certains services tels que l’accès au crédit, il a fallu du temps et des efforts pour convaincre les producteurs de les rejoindre. OFI a invité les producteurs à l’usine de transformation de Bouaké pour leur montrer que l’entreprise était sérieuse. Ce n’est que lorsque les producteurs ont commencé à échanger avec le personnel d’Olam tout au long de l’année, y compris en dehors de la saison des achats, qu’ils sont devenus enthousiastes à l’idée de nous rejoindre.

Herman, directeur de FairMatch Support: "Une chaîne d’approvisionnement durable avec un succès à long terme nécessite une collaboration tout au long de la chaîne (de bout en bout). Nous avons travaillé avec OFI pour établir des relations commerciales professionnelles avec leurs fournisseurs. Pour réussir un développement durable, il est important d’aligner les différents intérêts et de créer un langage commun et une compréhension mutuelle".

Un programme durable pour les producteurs de noix de cajou

Les producteurs qui ont décidé de rejoindre cette relation d’approvisionnement direct ont rejoint le programme dédié au développement d’une filière durable, le Sustainable Cashew Growers Program (SCGP). Ce programme vise à donner confiance et envie aux producteurs de travailler directement avec OFI à moyen et long terme. Il les incite aussi à améliorer continuellement leurs pratiques agricoles pour être plus durables.

Travailler sur l’innovation par l’analyse des données

L’approvisionnement direct auprès des producteurs et la transformation des noix de cajou dans le pays d’origine sont des conditions cruciales pour établir la traçabilité et la transparence. La prochaine étape est la collecte, l’évaluation et la gestion de ces données.

Herman, directeur de FairMatch Support: "Une transparence et traçabilité accrues donnent la possibilité d’augmenter la production et la qualité des noix de cajou. Ensemble avec OFI, Intersnack, TDG (désormais Nuts2) et Albert Heijn, nous avons développé un système d’information de gestion (SIG) dans lequel les groupes de producteurs et les transformateurs peuvent collecter des données sur la qualité et la quantité de la production de noix. Cette collecte de données permet, par la suite, d’apporter des améliorations".

Ensemble avec FairMatch Support, OFI a classé les groupements de producteurs dans l’une des trois catégories en fonction du professionnalisme de l’organisation. Des critères clairs pour passer d’une catégorie à une autre ont été créés et un ensemble de récompenses clair pour chacune des classifications a été mis en place. Plutôt que de se concentrer uniquement sur le volume de noix de cajou, les groupes de producteurs ont également été récompensés pour la qualité de leur noix de cajou et pour la manière dont le groupe travaillait avec OFI.

Mallikarjuna Kumaraswamy: "Chez OFI, nous avions déjà une collecte de données, mais pas encore à cette échelle. Grâce au SIG, nous avons reçu des informations sur les volumes de noix de cajou et les groupes ou régions de producteurs les plus performants. Nous avons ainsi pu classer les producteurs en différents segments et avons développé des programmes de formation sur mesure en vue d’améliorer la production et la qualité. Nous constatons des améliorations en termes de qualité et de volume. Nous apprenons des expériences passées, pouvons identifier les facteurs et nous adapter en conséquence. Cette démarche génère plus de revenus pour le producteur et moins de coûts pour nous, car elle permet d’optimiser la logistique, par exemple".